Dans le cadre de l’élaboration du projet de loi modifiant et complétant la loi de 2005 liée à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, le député des Algériens de France, Abdelouahab Yagoubi, a évoqué le marché noir des devises en Algérie et sa « bourse » sise au Square Port-Saïd, dans la capitale Alger.
Lors de son intervention à l’APN, le parlementaire indique que le dossier traité « engage la réputation de l’Algérie et la confiance de ses partenaires », assurant que sortir de la « liste grise » du Groupe d’Action Financière (GAFI) nécessite « une volonté politique affirmée, un dispositif juridique cohérent et une application rigoureuse sur le terrain ».
En guise d’exemple de l’absence d’une application rigoureuse sur le terrain des lois en vigueur, le parlementaire évoque le Square Port-Saïd, à quelques mètres seulement du Palais du peuple, siège de l’APN. Dans ce Square, les « cambistes » achètent et vendent en toute illégalité et impunité, au vu et au su de tous, toutes sortes de devises étrangères, selon un taux de change qu’ils fixent eux-mêmes.
Marché noir des devises : « Une économie parallèle hors-la-loi »
« Soyons francs : la « banque du Square », à quelques pas d’ici, est devenue l’un des plus grands centres de blanchiment d’argent du pays. Une économie parallèle, hors-la-loi, qui alimente le marché noir et épuise nos réserves en devises », dénonce le député.
Bien qu’officiellement interdit par la loi, le marché noir des devises en Algérie reste essentiel, dans un contexte où les Algériens ne disposent pas encore de sources légales pour s’approvisionner en devises. Ils doivent passer par ces cambistes clandestins pour voyager, mais aussi pour importer une voiture neuve et exercer le métier de micro-importateur.
Ainsi, en plus d’être officieusement toléré, le marché noir enregistre une grande demande. Un seul euro est proposé, ce dimanche 13 juillet, à la vente par les cambistes du Square Port-Saïd 264,50 dinars algériens contre 151,72 dinars l’unité sur le marché officiel.
Yagoubi estime que le marché noir de la devise n’est plus un phénomène marginal sur lequel on peut fermer les yeux, et qu’il est devenu « une économie souterraine structurée, qui vide nos réformes de leur substance ».
Ainsi, pour le parlementaire, il n’y a pas de place au doute : « L’expansion du marché noir, qui absorbe plus de 40 % de l’économie nationale » est l’une des causes qui empêchent l’Algérie de sortir de la liste grise des du GAFI.