Le ministère de l’immigration au Canada s’apprête à mettre fin aux contrats de 3.300 de ses employés. Cette mesure inquiète les étrangers établis dans le pays qui craignent des délais de traitement encore plus longs de leurs demandes d’obtention du permis de séjour.

Les postes supprimés sont principalement occupés par des travailleurs temporaires et des employés proches de la retraite. Ceci dit, 20 % de ces compressions concernent des employés permanents, indique Radio Canada.

Selon Bato Redzovic, le directeur général d’Accueil-Parrainage Outaouais, un organisme d’aide aux étrangers, les compressions des effectifs chez Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), annoncées lundi dernier, vont sans doute impacter les délais de traitement des dossiers de demandes de permis de séjour.

Prolongement des délais : plusieurs catégories d’étrangers risquent d’être touchés

Cet activiste indique que les demandeurs d’asile doivent actuellement attendre 36 mois pour rencontrer un commissaire d’immigration, alors que le délai était de 12 mois il y a deux ans.

Selon lui, la réduction d’effectif au sein du ministère de l’immigration ne fera que prolonger davantage ce délai, rapporte le média canadien.

Bato Redzovic ajoute que les demandeurs d’asile ne sont pas les seuls qui risquent d’être impactés par ces compressions d’effectif. Les travailleurs qualifiés, les investisseurs étrangers, les demandeurs de résidence permanente et de résidence temporaire risquent de voir les délais de traitement de leurs dossiers de titre de séjour se prolonger.

L’avocate spécialisée en droit de l’immigration, Julie Taub, dénonce quant à elle la décision du ministère de l’immigration, la qualifiant de « ridicule » vu que le nombre d’étrangers n’a fait qu’augmenter ces dernières années au Canada.

L’avocate va jusqu’à appeler à « augmenter le nombre de postes » pour traiter les arriérés de demandes, mais aussi parce que « plus les délais s’allongent, plus ça coûte cher au contribuable ».

Réduction d’effectif à l’IRCC : l’inquiétude des étudiants étrangers au Canada

Autres victimes de ces compressions d’effectifs, les étudiants étrangers, qui redoutent le pire à l’ombre du durcissement de la politique migratoire au Canada.

Au-delà d’un probable nouveau prolongement de délais, ces étudiants voient aussi d’un mauvais œil les règles de l’immigration qui changent sans cesse.

Pour Joan Fabrice Sebre, étudiant à l’Université du Québec en Outaouais (UQO), « c’est vraiment compliqué de se projeter dans l’avenir » au Canada suite aux réductions d’effectif à l’IRCC, mais aussi à cause des changements incessants des lois migratoires dans le pays.

Odavia Zagré, une autre étudiante qui s’apprête à passer sa graduation en juin prochain, est en proie au doute. « Je ne sais vraiment pas comment je vais m’y prendre pour trouver un boulot », confie-t-elle à Radio Canada.

Compression d’effectif à l’IRCC : le gouvernement rassure

De son côté, le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, a indiqué que la réduction des effectifs au sein de son département est « une mesure qui s’imposait… depuis la réduction des niveaux d’immigration ».

Le responsable a aussi rappelé que le nombre d’employés à l’IRCC a « augmenté de façon importante » depuis 2019, et que cette réduction est en quelque sorte un retour au niveau d’embauche qui existait en 2019 et 2020, assurant que les compressions seront appliquées de manière « humaine ».

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