Les praticiens formés en dehors de l’Union européenne (Padhue), en activité dans les hôpitaux en France, dont des médecins algériens, annoncent une grève de la faim pour dénoncer les conditions d’exercice qu’ils qualifient de précaires.
Les médecins diplômés hors Union européenne (Padhue), en activité en Île-de-France (Paris et sa région), s’apprêtent à entamer une grève de la faim, dès mercredi 5 mars 2025. Une manifestation est également prévue pour les 8 et 9 mars.
Ces praticiens dénoncent depuis plusieurs années la précarité de leur situation professionnelle et sociale et les multiples promesses non tenues des autorités françaises.
« C’est une situation stressante », déplore un médecin algérien
Dr Abdelhalim Bensaidi, un médecin formé en Algérie, vice-président de l’association Intégration praticiens à diplôme étranger engagés contre la crise (Ipadecc), attend depuis plusieurs années une régularisation qui ne vient pas.
« On exerce et on tient à bout de bras les hôpitaux depuis des années. Le président de la République avait promis de sortir les Padhue de leur précarité. Ce n’était que des promesses, nous n’avons rien eu », a-t-il dénoncé dans une déclaration au média Actu Paris ce mardi 4 mars.
Ce médecin qui travaille au service diabétologie de l’hôpital Max Fourestier de Nanterre ajoute qu’il est actuellement praticien attaché associé, « un statut qui n’existe plus ». « J’ai encore un mois de contrat de travail et après, on verra. C’est une situation stressante », déplore-t-il.
Ces médecins, venus de l’étranger, notamment d’Algérie, de Tunisie, de Syrie, du Maroc et du Liban, sont pourtant essentiels pour faire face aux pénuries de médecins et aux déserts médicaux dans le système de santé français.
Ils sont particulièrement présents dans les hôpitaux d’Île-de-France. Mais lorsqu’ils sont en attente d’une régularisation définitive de leurs situations professionnelles, ils travaillent sous des contrats précaires, avec un statut hospitalier équivalent à celui d’un étudiant interne.
Ils n’ont pratiquement « rien, à part une autorisation provisoire d’exercice d’année en année. Ils sont payés 1.400 euros à 2.000 euros par mois », dénonce encore Dr Abdelhalim Bensaidi, médecin formé en Algérie.
« Il est inacceptable que ces médecins soient contraints d’entamer une grève de la faim »
S’ils n’obtiennent pas gain de cause, par rapport à leurs revendications, 300 Padhue entameront une grève de la faim dès mercredi matin. « D’autres personnes vont suivre le mouvement », a fait savoir le médecin algérien.
Pour la Fédération des praticiens de la santé (FSP) et SOS Padhue, « il est inacceptable que des médecins, qui ont dédié leur vocation à soigner la population française, soient contraints d’entamer une grève de la faim pour faire valoir leurs droits ».
Dans un communiqué commun, ces deux syndicats ont indiqué que « cette situation révèle une profonde injustice et témoigne du mépris flagrant des autorités face aux légitimes revendications des praticiens à diplôme hors Union européenne ».
En soutien aux Padhue, les syndicats dénoncent notamment le parcours professionnel « précaire et inhumain » de ces médecins, le non-respect des engagements pris par le ministère de la Santé envers eux, ainsi que l’exploitation de ces praticiens « sous-payés et privés de la reconnaissance qu’ils méritent ».
FSP et SOS Padhue réclament ainsi une rémunération à la hauteur de l’expérience et de la contribution de ces médecins, le renouvellement de leurs titres de séjour pour assurer leur stabilité, l’attribution de postes validant aux lauréats des EVC 2024 …