De nombreux médecins algériens se tournent vers la France pour exercer leur métier, attirés par la promesse de meilleures opportunités professionnelles.
Beaucoup d’entre eux sont cependant rattrapés par la réalité de l’hôpital public français. Désabusés, ils déplorent un manque de reconnaissance et des conditions de travail qui les poussent à quitter le pays.
Entre des salaires peu attractifs, des perspectives de carrière limitées et des freins administratifs, ils finissent par envisager d’autres destinations, comme la Suisse ou l’Allemagne.
Médecins algériens en France : quand la situation devient trop difficile
Bien que leur contribution soit essentielle dans le système de santé français, des praticiens formés en Algérie, ainsi que d’autres médecins étrangers, témoignent aujourd’hui d’une expérience professionnelle en France qui laisse à désirer.
Dans les colonnes de Libération, Houssem Sabouni, cardiologue formé en Algérie et établi en Allemagne depuis 2019, souligne une inégalité flagrante entre l’exercice des médecins étrangers en Allemagne et en France :
« J’ai plein d’amis qui travaillent en France pour une seule raison : ils n’avaient pas les moyens de remplir le compte bloqué de 13.000 € nécessaire pour aller en Allemagne ».
Cette difficulté financière handicapante empêche de nombreux médecins algériens en France de saisir de meilleures opportunités.
Le constat est le même du côté d’un autre praticien : Oussama Ziouchi, anesthésiste-réanimateur, officie depuis 2023 dans un hôpital près de Nuremberg, en Bavière.
Il a largement préféré l’Allemagne à la France, et ce, en dépit de la barrière linguistique : « Je suis francophone et francophile, j’ai baigné là-dedans, la logique aurait voulu que j’aille en France. Mais j’ai préféré affronter la barrière de la langue et apprendre l’allemand. Je me suis souvent demandé : “Mais qu’est-ce que je fais en Bavière ? ».
« On bouche les trous pendant plusieurs années, et ensuite, on vous jette »
Le réanimateur poursuit, soulignant la différence salariale entre les deux pays : « Le plus bas salaire que j’ai touché, au tout début, était de 3.200 €, tandis que certains Padhue français (praticiens diplômés hors UE) tournent au SMIC. Ici, au moins, il y a une perspective de carrière et de vie sur le long terme ».
Les médecins algériens ne sont pas les seuls concernés. Les praticiens étrangers de piers non-européens qui ont fait le choix d’exercer en France déplorent en effet une instabilité persistante. Tenus ainsi par des contrats temporaires et des salaires bas, ils peinent à s’installer durablement dans l’Hexagone.
Un psychiatre d’origine rwandaise révèle à Libération toucher à peine le SMIC en dépit de son expérience, et tout juste « 2.000 € avec les gardes », en plus des difficultés administratives qui ont fini par le mettre à la porte.
« Ma cheffe avait tout fait pour me garder, en faisant même appel à la préfecture. Il n’y a pas d’avenir en France pour moi. On bouche les trous pendant plusieurs années, et ensuite, on vous jette », témoigne-t-il.
Précarité administrative, faibles rémunérations et peu de possibilités d’évolution de carrière… La France peine à garantir de bonnes conditions de travail à ses médecins étrangers.
Alors même qu’il est en manque de professionnels qualifiés, le système de santé français ne tient pas, ou plus, ses promesses.