Alors que le président français, Emmanuel Macron, a prôné l’apaisement concernant la crise avec l’Algérie, son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, semble naviguer dans la voie opposée.
C’est via une note interne de trois pages, préparée par ses services, que le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, a proposé au gouvernement une feuille de route concernant la crise avec l’Algérie.
Il s’agit d’une « note secrète », précise La Tribune du Dimanche. Le journal français, qui s’est procuré le document, dévoile plusieurs points proposés par cette « feuille de route » des services de Retailleau visant à « engager un rapport de force » et à « accentuer la pression » sur l’Algérie.
Réduire les visas et augmenter les expulsions
Le document, préparé par Retailleau en amont du comité interministériel de contrôle de l’immigration qui s’est tenu le 26 février dernier, appelle notamment à des « restrictions massives » sur la délivrance des visas pour « nomenclature » mais aussi, « le cas échéant, à l’encontre de l’ensemble de la population » algérienne.
Outre cette mesure qui risque de réduire drastiquement le nombre des visas octroyés aux Algériens, Bruno Retailleau souhaite également opérer un tour de vis en ce qui concerne les expulsions.
Le ministre de l’Intérieur, qui a rappelé que 40 % des personnes retenues dans les centres de rétention administratifs en France sont des Algériens, a appelé à établir une liste de « persona non grata » à expulser du territoire français.
Le ministre a souligné que la France a délivré 25.000 OQTF en 2024, mais qu’elle n’en a effectué que 2.999. Retailleau dénonce notamment la position de l’Algérie qui exige des laissez-passer consulaires à l’arrivée, voire avant à l’embarquement des vols Air Algérie au départ de la France.
Interdire Air Algérie et Algérie Ferries en France ?
Face à cette situation, la feuille de route de Bruno Retailleau prévoit une suspension de l’activité des « compagnies aériennes et maritimes algériennes » en France, rapporte le journal français.
Le ministre ne cache donc plus sa volonté d’interdire Air Algérie, Tassili Airlines mais aussi Algérie Ferries et Nouris Elbahr Ferries, les quatre et uniques compagnies algériennes de transport aérien et maritime qui assurent des vols ou des traversées au départ et à destination de la France.
Toujours en ce qui concerne les voyages entre la France et l’Algérie, le ministre français de l’Intérieur appelle dans sa note à mettre en place « des contrôles renforcés aux frontières pour les ferries arrivant au port de Sète ».
De plus, ce document préparé par les services de Bruno Retailleau propose la dénonciation des accords franco-algériens de 1968 mais également ceux de 1980 qui permettent aux Algériens de bénéficier en France de soins médicaux financés par la sécurité sociale.
La feuille de route Retailleau sera-t-elle appliquée ?
La note du ministère de l’Intérieur français évoque la question des influenceurs algériens qui représentent, selon lui, « une menace directe pour la sécurité » des français. Retailleau ne manque pas de rappeler le cas de l’influenceur Doualemn qui a pourtant obtenu gain de cause après le traitement de son affaire par la Justice française.
On ne sait toujours pas à quel point cette feuille de route résumant l’idéologie Retailleau sera appliquée par l’exécutif. Une chose est cependant sûre, le premier ministre, François Bayrou, a déclaré le 26 février dernier qu’il donnait de 4 à 6 semaines à Alger pour reprendre ses ressortissants que la France souhaite expulser, sous peine de voir les accords bilatéraux entre les deux pays « remis en cause ».