De la politique qui se drape dans de faux arguments pédagogiques. C’est ainsi que les avocats du groupe scolaire Al Kindi, dans la région de Lyon en France, ont réagi à la décision des autorités françaises de mettre fin à la subvention de cet établissement scolaire musulman.

Ce n’est pas le premier établissement dispensant un enseignement musulman à subir un tel sort. L’affaire du lycée Averroès de Lille est restée dans les mémoires.

La décision a été annoncée vendredi 10 janvier par la préfète d’Auvergne-Rhône-Alpes. Celle-ci a fait savoir qu’elle a décidé de résilier les contrats d’association qui lient l’Etat français au groupe scolaire Al Kindi, composé d’une école élémentaire, d’un collège et d’un lycée, pour “manquements pédagogiques et administratifs” et “atteintes aux valeurs de la République”.

Ces “manquements” ont été constatés lors de contrôles de l’inspection académique. La direction de l’établissement a réfuté les accusations devant une commission qui a siégé le 12 décembre dernier, mais la commission a rendu un avis favorable pour la résiliation des contrats de financement.

Selon l’AFP, les contrôleurs auraient découvert dans le centre de documentation et d’information du groupe scolaire “deux ouvrages radicaux (…) dont l’un faisant la promotion du djihad violent”.

La préfecture a conclu à une proximité avec la mouvance des Frères musulmans et a estimé que “des mesures correctives seraient insuffisantes”.

La conséquence directe de l’arrêt du financement de l’Etat est que l’école, le collège et le lycée Al Kindi risquent tout simplement de fermer. Le groupe perdrait les salaires de 36 enseignants, soit 1,6 millions d’euros par an.

Le groupe scolaire Al Kindi perd le financement de l’État français : “C’est du deux poids deux mesures”

Le groupe, ouvert en 2007, compte aujourd’hui 620 élèves. Son Lycée était le dernier lycée musulman de France encore sous contrat de financement par l’État.

La mesure a été saluée sans surprise par des personnalités de la droite dure, comme le député Laurent Wauquiez ou encore le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui a remercié sur X la préfète du Rhône ainsi que les services de l’Etat. “Leur travail méticuleux a conduit à la résiliation des contrats qui lient l’Etat aux établissements Al-Kindi”, a-t-il écrit.

“C’est une décision extrêmement décevante et porteuse d’une grande violence pour les musulmans de notre pays”, ont en revanche estimé les avocats du groupe scolaire.

De nombreuses voix ont en outre dénoncé un deux poids deux mesures dans le traitement des établissements sous contrats, selon qu’ils soient musulmans ou catholiques.

« Deux poids, deux mesures qui visent les musulmans » en France

Abdelkader Lahmar, député de La France insoumise (LFI),  a par exemple souligné que de “flagrantes entorses à la laïcité sont constatées quotidiennement” dans des établissements privés catholiques, sans susciter une telle fermeté de l’Etat français.

Paul Vanier, élu du même parti, a comparé les traitements réservés  aux lycées Al Kindi (musulman)  et Stanislas, un établissement catholique privé de Paris, pour conclure à un “deux poids deux mesures qui vise les musulmans de notre pays”.

“J’appelle depuis des mois à l’intensification des contrôles des établissements privés sous contrat. Je constate qu’ils sont pour ce gouvernement anti-républicain prétexte à une offensive islamophobe”, a regretté le député.

Le lycée catholique Stanislas a été pourtant éclaboussé par une multitude de scandales ces derniers mois.

Le 1er septembre dernier, le lycée Averroès de Lille, considéré comme le fleuron de l’enseignement musulman en France, a perdu les subventions étatiques pour les mêmes accusations qui ciblent Al Kindi.

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