La tradition ancestrale de Tamechrit (ou Timechret), perpétuée dans plusieurs régions d’Algérie, notamment en Kabylie, fait parler d’elle bien au-delà des frontières du pays.

L’Agence France-Presse (AFP) lui a récemment consacré une dépêche qui a été largement relayée par des médias internationaux, mettant ainsi en lumière cette coutume solidaire propre à la communauté algérienne.

La tradition de Tamechrit ancrée dans l’histoire de l’Algérie

La tradition de Tamechrit ou Zerd en amazigh, Ouziaâ, Wâada et Essahma en arabe, signifie « offrande ».

Elle repose sur un principe simple mais profondément ancré dans la culture algérienne kabyle : une communauté s’entraide pour collecter des fonds, acheter des bovins, les sacrifier et distribuer équitablement la viande entre les foyers du village, quel que soit leur rang social.

Transmise de génération en génération, cette tradition refait surface à l’occasion de célébrations festives.

Des jours de fête comme Yennayer (Nouvel An amazigh), Mouharram (Nouvel An de l’Hégire), le Mawlid (naissance du Prophète), Achoura ou le Ramadan permettent aux habitants d’une communauté de se retrouver autour de ce moment de fraternité.

En plus de profiter aux nécessiteux, le rituel de Timechret renforce les liens sociaux et l’entraide, car la tradition ne s’arrête pas là. À l’issue de la distribution, il est de coutume de déguster un grand couscous, plat national, entre voisins, frères, amis et invités.

À l’occasion de Yennayer 2975, qui coïncide avec le 11 janvier 2025, les habitants du village de Ath Atig, près de Béjaïa, ont ravivé la tradition de l’Ouziaâ.

Un des habitants du village, Dahmane Barbacha, confie à l’AFP : « Nous œuvrons à perpétuer cette coutume qui est célébrée lors de fêtes culturelles ou religieuses, durant lesquelles des personnes, qui ont quitté le village, reviennent pour y participer ».

Ce rituel remonterait au XIIIe siècle. D’après l’historien Saleh Ahmed Baroudi, on le célébrait initialement dans les zaouïas coraniques.

Avec le temps, c’est devenu une tradition plus générale que de nombreuses communautés ont adoptée, « une occasion institutionnelle de rencontre, de fraternité, de réconciliation et de mariage entre les familles ».

Le Tamechrit suscite l’intérêt des médias étrangers

Depuis la publication de l’AFP ce 31 janvier, l’intérêt des médias étrangers pour Tamechrit ne cesse de croître. Plusieurs grandes rédactions à travers le monde ont repris et commenté cette tradition algérienne unique.

Arab News, Maghreb Inside, TV5MONDE, Gulf Times, Dawn, Berliner Tageszeitung…

Autant de médias qui ont mis en avant l’impact social et culturel de cette « tradition berbère séculaire fondée sur le partage ». Ils ont notamment évoqué son rôle dans la préservation des liens de solidarité entre les gens.

Aujourd’hui, cette tradition est perpétuée grâce à l’implication des jeunes locaux et même de quelques membres de la diaspora qui mettent un point d’honneur à participer à l’événement.

Farhat Medhous, président de l’association culturelle Ithran du village Ath Atig, indique : « Nous avons organisé des activités culturelles pour les enfants afin de leur inculquer un esprit de sensibilisation et de bénévolat, de leur apprendre dès leur plus jeune âge à participer à la fête, de les préparer à l’avenir, lorsqu’ils seront adultes, à préserver ces traditions ».

De son côté, Ammar Benkherouf, Algérien de France rentré dans son pays d’origine pour l’occasion, a témoigné de son attachement pour la tradition de Timechret.

« Je ne peux pas décrire le bonheur qui me submerge », a-t-il exprimé, ravi de « contribuer à faire perdurer ce patrimoine ».

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