Le Musée Cantini de Marseille consacre une exposition à l’artiste algérienne Baya jusqu’au 20 avril. Un nouvel hommage qui fait écho au succès de la rétrospective organisée à la Vieille Charité en 2023.
Cette année, l’institution marseillaise expose une trentaine de peintures et de céramiques, en vue de mettre en lumière une figure majeure de l’art du XXe siècle.
Une exposition exceptionnelle pour Baya, artiste algérienne singulière
En dépit de son influence incontestable dans le monde de l’art, l’artiste peintre algérienne Baya, de son vrai nom Fatma Haddad, demeure une personnalité assez méconnue du grand public.
« Le monde est en train de s’apercevoir de l’apport massif de Baya dans l’histoire de l’art », assure Benoît Payan, maire de Marseille, cité par le média Made in Marseille.
Plus de 40 ans après sa première exposition au musée Cantini, en 1982, en présence du président François Mitterrand, l’œuvre de Baya franchit à nouveau les portes du musée marseillais : au total, 28 sculptures et peintures de l’artiste algérienne seront exposées jusqu’au 20 avril.
Nicolas Misery, directeur des musées de Marseille, déclare à La Provence : « Le lien entre Marseille et Baya est ancien. Elle venait régulièrement à Marseille, et l’exposition que lui a consacrée le musée Cantini en 1982 a provoqué un regain d’intérêt pour l’artiste et des expositions à l’international, notamment aux États-Unis ».
Cette nouvelle initiative s’inscrit dans l’ambition de la Ville de Marseille de devenir une référence dans l’étude de l’œuvre de Baya.
L’objectif de la municipalité est de donner de la visibilité à l’artiste et faire des musées de la ville « le lieu de référence pour la préservation, l’étude et la valorisation de Baya en Europe ».
Une petite fille kabyle au destin hors du commun
Fatma Haddad, dite Baya (en hommage à sa mère Bahia), naît en 1931 à Bordj el Kiffan, près d’Alger. D’origine kabyle, elle est orpheline de père et de mère très jeune.
D’abord éduquée par sa grand-mère puis par une française du nom de Marguerite Carminat, elle manifeste rapidement son intérêt pour l’art.
Dès l’adolescence, ses gouaches colorées, représentant des femmes, des instruments de musique, des oiseaux et des végétaux, attirent l’attention du galeriste Aimé Maeght, lequel va exposer ses œuvres à Paris, en 1947, alors que Baya n’est âgée que de 16 ans.
Elle suscitera rapidement l’admiration de grandes figures, telles qu’André Breton et Albert Camus. « La plupart de ces artistes continuaient à avoir un regard colonial sur elle. Son art est-il brut ? naïf ? Rien de tout cela, elle était tout simplement géniale ! », déclare Benoît Payan dans La Provence.
Un nouvel hommage pour une artiste inclassable
Le maire de Marseille a également souligné son influence sur un grand nom de l’art moderne, Picasso, qui la côtoie en 1948 à Vallauris.
« Baya, c’est l’histoire d’un génie. Beaucoup d’historiens de l’art pensent que Baya va influencer Picasso. Après sa rencontre avec Baya, les céramiques de Picasso vont évoluer », assure-t-il dans les colonnes de Fréquence Sud.
Artiste incontournable, Baya s’impose encore aujourd’hui comme une figure essentielle à (re)découvrir.
Dans la nouvelle exposition du musée Cantini, on trouve des œuvres appartenant déjà à la Ville de Marseille, complétées par une récente acquisition d’une céramique singulière intitulée « Animal fantastique aux deux femmes ».
La majorité des pièces exposées proviennent néanmoins d’un prêt de longue durée accordé par des donateurs privés anonymes. Une politique qui permet à la municipalité de valoriser le patrimoine artistique sans mobiliser des ressources financières.