Reçue par Chems-eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, jeudi 13 mars, dans son émission Podcast, Yasmine Belkaid, la directrice de l’Institut Pasteur en France, est revenue sur son parcours et ses liens avec l’Algérie.
Un parcours pour le moins fabuleux. Née à Alger, Yasmine Belkaid a fait ses études scolaires et universitaires dans la capitale, avant de partir à l’étranger pour une fabuleuse carrière internationale, en France et aux États-Unis.
Initialement, Yasmine Belkaid ne voulait pas quitter le pays pour la France ou un autre pays.« J’ai commencé en Algérie. J’ai fait mes études en Algérie, à Bab Ezzouar. J’ai fait la biochimie. Moi, je voulais rester en Algérie », a-t-elle expliqué lors de son entretien avec le recteur de la Grande mosquée de Paris.
Et de poursuivre : « J’ai une famille magnifique, j’ai eu une enfance très heureuse. J’étais absolument fascinée par la beauté de mon pays. Je n’avais pas du tout envie de partir ».
La décennie noire, puis la percée
Le destin et les événements ont voulu autrement. « Hélas, nous avons eu une décennie difficile et une guerre civile qui a fait que nous n’avions plus de programme de thèses en Algérie. Donc, j’ai dû partir. Avec mon frère et ma sœur, on est partis à Paris et c’est là où j’ai fait une thèse, à l’Institut Pasteur », raconte Yasmine Belkaid.
« Avec mon petit garçon, confie-t-elle encore, on est parti après à Washington à la fin de ma thèse pour suivre une autre formation (…) après la thèse, pour devenir scientifique, il faut suivre un autre type de formation. Vous restez encore quelques années dans un laboratoire étranger. Et c’est ce que j’ai fait », a-t-elle détaillé.
« J’étais très bien aux USA à l’époque »
Après une carrière scientifique riche aux États-Unis, Yasmine Belkaid a été contactée pour prendre la tête de l’Institut Pasteur en France. « Il y avait des interviews, il y avait plusieurs candidats et puis un jour, je reçois un coup de téléphone pour me dire que j’étais sélectionnée », se souvient-elle. « J’étais très bien aux USA à l’époque, j’avais un grand département, mon laboratoire marchait très bien », souligne-t-elle. Yasmine Belkaid avoue qu’elle avait un peu hésité à prendre sa décision.
« Je me suis dit, qu’il était peut-être temps pour moi, qui avait tellement reçu, parce que j’ai vraiment bénéficié de ce monde, d’essayer de donner et d’essayer de m’investir pour essayer justement d’aider un système que j’aime tellement ». C’est ainsi qu’elle atterrit à la tête de cette prestigieuse institution française en 2023.
L’hommage à sa famille et à son père assassiné en 1995
Yasmine Belkaid rend hommage à sa famille qui a été, selon elle, pour beaucoup dans sa réussite. « J’ai eu la chance d’avoir une famille de femmes fortes », a-t-elle dit. « Ma grand-mère algérienne était extrêmement forte qu’elle a élevé ses enfants toute seule. Ma grand-mère française était pharmacienne donc elle a fait de la recherche. Puis j’ai un père qui avait un respect immense pour la connaissance et la recherche ».
Yasmine Belkaid n’a d’ailleurs pas tarit d’éloges sur son père Abou Bakr Belkaid, un homme politique algérien assassiné par les terroristes en 1995.
« Mon père travaillait énormément, mais le temps qu’il passait avec nous était toujours magique. Il avait cette capacité d’être vraiment là lorsqu’il était là. Les moments qu’on passait avec lui, ce n’étaient pas des moments ordinaires. C’étaient des moments intenses, vivants. Ils n’étaient peut-être pas fréquents, mais ils étaient tellement puissants que j’ai jamais eu le sentiment qu’il nous a abandonné, qu’il n’était pas là », a-t-elle détaillé.