Voilà un bel exemple des Algériens qui “ne travaillent pas”, qui viennent “voler le pain des Français” et “profiter des aides sociales”, selon la rhétorique consacrée de l’extrême-droite française.
En France depuis 1948, il continue à vendre des pizzas qu’il prépare lui-même, à 84 ans. Il est l’un des plus vieux pizzaïolos dans l’Hexagone. L’histoire de Meziane Yaici est peu commune. “Le jour où je m’arrête, je meurs”, dit cet algérien à France Info qui lui a consacré un portrait.
Meziane, originaire de Kabylie, est arrivé dans l’Hexagone à l’âge de 7 ans. Il est donc en France depuis plus de trois quarts de siècle. Ses amis et ses clients l’appellent Bob.
La vie active pour cet octogénaire, entamée à 17 ans, est censée avoir pris fin, du moins officiellement, il y a presque trente ans, en 1996. Exposé à des “facteurs de pénibilité” dans son précédent emploi, il a été mis à la retraite à 54 ans.
Il assure que sa retraite est confortable et il aurait pu en profiter, comme tout le monde. Mais ce n’est pas le genre à rester à ne rien faire. “Je pense que je ne m’arrêterai jamais de travailler, ou alors, il faudrait que je ne puisse plus marcher. Je ne pourrais pas rester à rien faire, je deviendrais fou », dit-il.
France : à 84 ans, Meziane continue à préparer des pizzas
Son idée était de se lancer dans la pizza. A Brumath, une ville de 10 000 habitants dans le Bas-Rhin, il a remarqué que personne ne faisait de pizzas à emporter. Il s’est alors mis à faire des pizzas “volontairement grandes et généreuses” qui lui “ressemblent”. Rapidement, il a réussi à fidéliser des clients.
Depuis 17 ans, il est à la fois le patron et l’homme qui fait tout dans la pizzeria. “À part le fromage”, il prépare le pâton, les sauces, prend les commandes, s’occupe de la caisse, fait les courses…
Il raconte que sa vie a toujours été organisée de la même manière : il se lève, travaille, et ne s’assois pas de toute la journée. Jusqu’à ce qu’il aille au lit.
Et cela fait au moins 67 ans que cela dure. Avant de débuter à travailler “officiellement” à 17 ans, il avait fait des petits boulots.
Meziane, ou Bob, dit qu’à son arrivée d’Algérie, en 1948, il a d’abord résidé à Paris. “J’ai immédiatement aimé la France, je me suis senti chez moi”, assure-t-il. Les moments les plus durs, il les a passés pendant la guerre d’Algérie.
“Les Algériens ne pouvaient pas sortir de chez eux après 20 heures. Je me suis fait tabasser dans la rue parce que je n’avais pas respecté les consignes. Je garde une cicatrice à la tête de cette époque. Ce sont des Parisiens qui sont venus me défendre”, se souvient-il.
À 84 ans, il continue à travailler et ses clients ne soupçonnent même qu’il a un tel âge, tellement il se porte bien. Son seul regret, c’est de ne pas pouvoir répondre à toute la demande. “Au-dessus de 60 commandes par soir, c’est difficile”, reconnaît Meziane.