En France, le port du voile dans les compétitions sportives fait de nouveau l’objet d’un vif débat. Une proposition de loi concernant l’interdiction de tout signe religieux dans les compétitions sportives, qu’elles soient professionnelles ou en amateur, a été examinée mardi au Sénat.
L’inquiétude se fait ressentir du côté des sportives concernées, tandis que les débats sur l’intégration et la laïcité se poursuivent.
Vers une interdiction du port du voile dans le sport en France
L’interdiction du port du voile dans le sport en France avait déjà fait couler beaucoup d’encre en septembre 2023, lorsqu’Amélie Oudéa-Castéra, alors ministre des Sports, annonçait que « les représentants dans nos délégations et dans nos équipes de France ne porteront pas le voile » durant les JO de Paris 2024.
Cette décision avait été vivement critiquée par Amnesty International. L’ONG a dénoncé une atteinte aux droits des femmes musulmanes et avait souligné qu’aucun autre pays européen n’avait mis en place une interdiction aussi stricte sur le port de couvre-chefs religieux dans le sport.
Aujourd’hui, chaque fédération sportive fixe ses propres règles en ce qui concerne le port de signes religieux. Alors que celles du football, du basket et du volley-ball interdisent le port du voile, des disciplines comme l’athlétisme et le handball le tolèrent encore.
🚨🇫🇷 ALERTE INFO | Les sénateurs examinent ce jour une proposition de loi visant à interdire le port de signes religieux, dont le hijab, dans toutes les compétitions sportives, y compris amateurs. Une mesure qui contraindrait de nombreuses femmes voilées qui pratiquaient le sport… pic.twitter.com/sFI2p9vTSh
— Cerfia (@CerfiaFR) February 18, 2025
D’après RMC, l’objectif du projet de loi examiné au Sénat est d’uniformiser les règles pour tous les sports sous le prisme de la laïcité.
Pourtant, cette mesure est loin d’être bien accueillie par les sportives concernées, elle serait plutôt synonyme d’exclusion.
« Je n’ai jamais eu un avis négatif, je n’ai jamais eu de regard bizarre. Si je le mets, c’est pour des raisons religieuses qui me sont propres, et je n’ai forcé personne à le mettre », déclare Kanda, une jeune joueuse de handball, au micro de RMC.
Noémie, une autre joueuse de handball, confie qu’elle ne pourrait continuer sa pratique si cette loi est adoptée : « Je resterais au vestiaire avec mon voile ».
L’interdiction du voile dans le sport « encourage le communautarisme »
Pour Marion Ogier, avocate du collectif Les Hijabeuses, l’interdiction du voile dans le sport aura pour conséquence de renforcer les divisions sociales en France.
Elle dénonce : « On écarte ces femmes d’un milieu qui serait propice à leur intégration dans la société. On encourage, en interdisant le port du foulard, ce communautarisme en dehors de toutes les compétitions officielles ».
L’avocate rappelle qu’à l’échelle internationale, les fédérations sportives tendent plutôt à assouplir les restrictions sur le port du voile. Les experts de l’ONU ont d’ailleurs demandé aux instances de football et de basket, en octobre 2024, de lever ces interdictions jugées discriminatoires.
D’autres intervenants estiment que c’est une tentative supplémentaire de relancer un débat récurrent sur le voile et, de là, sur l’islam, en France.
Un auditeur de RMC du nom de Hocine déclare : « Je trouve que c’est un peu un prétexte dans le sens où le débat sur le voile est remis sur la table régulièrement. On en fait tout un débat pour pas grand-chose ».
Un point de vue largement partagé par les internautes sur le réseau social X, comme ce commentateur qui ironise : « C’est la décision tant attendue pour régler les problèmes d’endettement, de désindustrialisation, de l’énorme déficit budgétaire récurrent, du chômage croissant, de la dégringolade du pays à la 26ème place dans le classement des nations industrialisées, etc. ».