En France, la question des expulsions de ressortissants algériens sous OQTF (obligation de quitter le territoire français) est au cœur de la crise diplomatique inédite avec l’Algérie.

Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur, reproche aux autorités algériennes de ne pas délivrer assez de laissez-passer consulaires pour permettre les expulsions.

Abdelaziz Rahabi, ancien ministre et diplomate algérien, a expliqué toute la procédure nécessaire pour l’expulsion d’un ressortissant algérien et pour la délivrance d’un laissez-passer consulaire, dénonçant la focalisation en France sur le cas des Algériens.

Au cours d’une conférence-débat organisée samedi soir à Alger, Rahabi a rappelé que les représentations consulaires algériennes en France ne sont pas des auxiliaires des préfectures et de la police françaises.

Laissez-passer consulaires : voici comment l’Algérie les délivre

Leur principale mission consiste à « protéger la communauté algérienne à l’étranger ». Concernant les laissez-passer consulaires, l’intervenant explique qu’ils sont délivrés que lorsque le ressortissant a puisé tous les recours que lui accorde la loi française.

« Il est impossible qu’un non-résident qui n’est pas enregistré auprès d’un consulat puisse entrer en Algérie sans un laissez-passer consulaire. C’est là toute la problématique dans la question des OQTF », a déclaré Rahabi.

De plus, il précise que le laissez-passer fait partie des documents de souveraineté du pays.

Dans la question des OQTF, Bruno Retailleau pense qu’il lui suffisait de donner des ordres pour que les consuls algériens exécutent les yeux fermés.

Mais selon le diplomate algérien, les consuls d’Algérie « sont libres de délivrer ou pas ce document ». De plus, ils appliquent les lois algériennes et ne délivrent de laissez-passer consulaires que lorsque la personne concernée remplit les conditions exigées par la loi.

« Alors, pourquoi toute cette focalisation sur l’Algérie ? »

« Depuis les années 1980, les consuls sont instruits à n’accorder un laissez-passer pour l’expulsion d’un Algérien qu’après épuisement de tous les recours disponibles à sa disposition », a encore expliqué l’intervenant. Car, selon lui, le consulat a pour mission de protéger les Algériens et non pas de les expulser.

Malgré toutes ces polémiques autour des explosions des Algériens, il a fait savoir que l’Algérie délivre suffisamment de laissez-passer consulaires, contrairement à ce que véhicule le ministre français de l’Intérieur.

« En 2024, sur 6.000 OQTF prononcées contre des Algériens, l’Algérie a répondu favorablement à près de 3.000 demandes », a-t-il dit. Le taux de délivrance des laissez-passer était d’environ 43 %, soit le même taux que celui du Maroc. « Alors, pourquoi toute cette focalisation sur l’Algérie ? », s’est-il demandé.