Tomber sous le coup d’une OQTF en France, après avoir vécu dans la légalité, avec des engagements familiaux et professionnels, est loin d’être chose aisée. En plus de l’incompréhension totale, la peur d’être arrêté est omniprésente.

C’est ce qu’a vécu récemment une chirurgienne d’origine algérienne qui est arrivée au point de faire une dépression. Maintenant que tout est fini, elle qualifie ses péripéties d’ “humiliation”.

Pourtant, son cas était loin d’être celui d’une personne qui mérite de tomber sous le coup d’une OQTF, car il n’a été question que d’une erreur commise par sa préfecture. Mais son sort et celui de sa petite famille ont failli basculer vers le pire du jour au lendemain.

Elle demande de renouveler son titre de séjour et reçoit une OQTF par erreur

Dans son témoignage rapporté ce dimanche 10 novembre par le journal Libération, Salima, chirurgienne viscérale et digestive de 38 ans, raconte qu’elle avait quitté Alger en 2021 pour rejoindre son mari en France, en compagnie de leurs deux enfants.

Son mari, ingénieur en génie civil de profession, y est installé légalement deux ans plus tôt. Salima est arrivée en France avec un statut de stagiaire associée, qui lui permettait de suivre une formation dans des conditions similaires à celles des internes.

Alors que son mari était constamment en déplacements dans le cadre de son travail, elle a occupé son premier poste dans l’Oise, en région Hauts-de-France.

En 2023, soit deux ans après son arrivée en France, elle décroche un poste dans un hôpital de Seine-et-Marne, en région Île-de-France, ce qui a nécessité le déménagement de la famille. « Au même moment, je renouvelle mon titre de séjour qui allait bientôt expirer », confie-t-elle.

Mais en guise de réponse et à sa grande surprise, elle reçoit une OQTF, en dépit de son statut qui lui permettait de poursuivre sa formation et un hôpital public qui avait besoin de ses services. Le courrier de la préfecture, qu’elle a reçu la veille de sa prise de fonction, lui donnait trente jours pour quitter la France.

« J’avais tellement peur. J’étais paranoïaque dans les transports »

Et c’était le début d’un long cauchemar. Elle a parlé de sa situation à son employeur et celui-ci lui a demandé de ne pas quitter la France. Elle prend également contact avec un avocat. Et c’est là qu’elle découvre qu’il s’agissait d’une erreur de la préfecture qui a « mal traité » son dossier.

Pour la préfecture, Salima était une femme sans enfants et mariée à un homme sans papiers. « J’avais tellement peur. Je ne prenais plus la voiture et j’étais paranoïaque dans les transports », se souvient-elle.

Elle témoigne qu’elle est une femme courageuse et qui râle rarement. « Mais ce que j’ai vécu était vraiment horrible, très horrible. Je ne dormais plus, je ne mangeais plus », dit-elle. Avant d’ajouter : « Je peux le dire aujourd’hui, j’ai fait une dépression ».

À l’issue d’une bataille juridique, ponctuée par une peur constante au ventre, son OQTF a été suspendue par le tribunal de Melun. Elle a également reçu un récépissé qui court jusqu’à janvier prochain et attend une décision de justice pour que la préfecture lui accorde un titre de séjour.

Actuellement, Salima est en poste dans un hôpital public au sud de la France. Elle a décidé de changer de région, car elle ne veut pas « être perçue comme une personne sous OQTF ». Dans son actuel poste de travail, ses collègues et ses supérieurs ne savent rien de sa douloureuse mésaventure.

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