En Tunisie, la vidéo d’une célèbre créatrice de contenu, censée promouvoir le tourisme local, puisqu’elle a été publiée dans le cadre d’une campagne promotionnelle de la tutelle, suscite un vif débat dans le pays et à l’étranger. De nombreux Tunisiens, de la diaspora notamment, ont exprimé leur désaccord.

Les pays du Maghreb comptent une importante diaspora notamment en France. Et le fait que les membres de ces communautés à l’étranger ont choisi de vivre ailleurs ne diminue en rien leur amour pour leur patrie. Bien au contraire, ils apportent une contribution de taille aux économies de leurs pays respectifs.

Le message d’une influenceuse fait débat auprès de la diaspora tunisienne

C’est précisément le point qui a fait polémique suite à la publication d’une vidéo de promotion du tourisme local en Tunisie. Réalisée par la créatrice de contenu Fatma Bououn, la vidéo publiée jeudi 19 décembre, comptabilise déjà plus de 3 millions de vues sur Facebook et Instagram.

La séquence a été réalisée dans le cadre de la campagne promotionnelle baptisée Touneslik, initiée par le ministère du Tourisme. Il s’agit en clair d’un concours pour les meilleurs créateurs de contenu sur les réseaux sociaux en matière de promotion de tourisme local.

Partie donc d’une idée bien précise, censée promouvoir le tourisme intérieur dans le pays, la vidéo de Fatma Bououn a apparemment fait fausse route. De nombreux autres Tunisiens, notamment membres de la communauté à l’étranger, ont critiqué le fond.

Dans la vidéo, la créatrice de contenu incarne le rôle d’une mère qui offre un pendentif représentant une carte géographique de la Tunisie. Ce cadeau plonge la fille dans des souvenirs dans différentes régions du pays, lui rappelant l’amour de sa patrie.

Le scénario tourne aussi autour du mariage de la jeune Tunisienne, qui réclame comme condition à son époux de vivre obligatoirement en Tunisie avant de dire oui. Et c’est justement ce dernier message qui fait polémique, notamment auprès des Tunisiens de l’étranger.

 

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« Je peux être à l’étranger et être très patriote, parfois plus que d’autres »

« Fatma Bououn n’a pas élargi sa vision qu’elle semble réduire à une vision simpliste du patriotisme en le liant exclusivement à la présence physique dans le pays », a réagi l’artiste tunisienne vivant en France, Sarah Zina, citée ce lundi 23 décembre par RFI.

« Je peux être à l’étranger et être très patriote, parfois plus que d’autres », a-t-elle ajouté, estimant que cette perception « restreinte des Tunisiens à l’étranger mérite d’être remise en question, car elle ne reflète pas la diversité et la richesse de leurs contributions ».

Rien que sur ce dernier point, il convient de rappeler que l’apport en devises de la communauté tunisienne à l’étranger, estimée à 2 millions de personnes, est supérieur à celui des recettes touristiques. En 2022, ces transferts de fonds ont atteint 7 milliards de dinars tunisiens.

Plusieurs autres internautes ont également accusé l’influenceuse de stigmatiser le fait de quitter son pays et de présenter une réalité édulcorée avec un message parfois populiste. Ils l’accusent aussi de présenter une vision idéalisée et complètement déconnectée de la réalité tunisienne.

« Son message n’est pas clair et confus. S’adresse-t-il aux touristes pour venir en Tunisie ou aux Tunisiens pour ne pas quitter leur pays ? (…) Le problème est beaucoup plus profond, ma fille, et il s’agit principalement de la dignité et du droit à la vie », a écrit un internaute en réponse à l’influenceuse.

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