Coincés entre deux stratégies politiques contradictoires, les étudiants étrangers en France se heurtent souvent à un environnement décourageant. Outre les conditions de vie, de plus en plus difficiles en raison de la hausse des prix et la difficulté d’accès au logement, l’accueil des étudiants internationaux devient aussi défavorable.

Les étudiants internationaux sont, en effet, perçus tantôt comme de futurs talents, tantôt comme de simples étrangers migrants. Ces deux visions contradictoires génèrent donc des conséquences négatives sur l’expérience et le vécu des étudiants internationaux, analyse le média The Conversation.

Étudiants étrangers en France : la vision contradictoire des autorités

Pour le premier cas, les étudiants venus de pays tiers sont considérés comme des sources de rayonnement international et de future main-d’œuvre qualifiée. La France s’efforce donc de mettre en place des mesures de facilitation pour attirer un maximum d’étudiants, en leur promettant une bonne formation et des perspectives d’emploi et de séjour à la fin de leur cursus universitaire.

Mais d’un autre côté, ces étudiants sont également réduits à de simples étrangers migrants, ce qui les amène à faire les frais de politiques migratoires de plus en plus restrictives. Dans le cadre de cette vision, ils sont souvent perçus comme des migrants illégaux ou accusés de profiter de la qualité du système d’enseignement supérieur français.

Les mesures de facilitation se heurtent donc à des politiques restrictives, mettant les étudiants dans le même panier que tous les autres étrangers. Ces stratégies politiques contradictoires génèrent ainsi des conséquences négatives sur le vécu de ces étudiants internationaux.

Elles constituent également d’importants obstacles aux politiques d’accompagnement, d’intégration et de réussite, promises par les autorités françaises de l’enseignement supérieur.

Pourquoi une politique européenne commune peine-t-elle à être appliquée ?

À l’échelle européenne, le mot d’ordre est pourtant clair à ce propos : faire du continent un « centre mondial d’excellence pour les études et la formation », et un pôle de compétitivité dans « la course mondiale aux Talents ». De nombreuses stratégies ont d’ailleurs été lancées dans ce sens, dont par exemple, le processus de Bologne, explique The Conversation.

Mais au niveau des différents États membres de l’UE, dont la France, cette attractivité souhaitée par les institutions européennes se heurte à des mesures restrictives. Les États membres s’opposent clairement au développement d’une politique commune, devant faciliter la libre circulation des étudiants internationaux, explique encore la même source.

Autrement dit, lorsque l’UE adopte une directive visant à promouvoir des conditions communes d’accueil et de séjour des étudiants de pays tiers, la France refuse d’abandonner ses politiques migratoires, appliquées aussi aux étudiants, comme les restrictions sur les visas et la levée des barrières administratives et migratoires.

Et c’est d’ailleurs la raison qui empêche l’Europe de développer une politique commune visant à faire de l’Union une terre d’accueil favorable pour les étudiants étrangers.

Voici les difficultés auxquelles se heurtent les étudiants étrangers en France

En France, en particulier, il s’avère que les politiques d’accueil des étudiants étrangers sont tout aussi contradictoires.

À titre d’exemple, pour faire face au décrochage du pays dans les classements internationaux, le gouvernement a lancé, en 2019, le Plan de Bienvenue en France, avec l’ambition d’attirer 500.000 étudiants étrangers d’ici 2027.

Mais la stratégie a été heurtée à des mesures contradictoires et controversées, comme l’augmentation des frais d’inscription aux étudiants étrangers, qui doivent payer 15 fois plus que les étudiants européens et français.

À cela, s’ajoute le fait de mettre les étudiants étrangers au centre de politiques diplomatiques de la France à l’encontre de certains pays tiers, comme ce qui s’est passé avec les pays du Maghreb, dont l’Algérie, dans le cadre de ce qui est appelé la crise des visas.

En plus des restrictions sur l’octroi des visas aux étudiants de pays tiers, ces derniers font aussi face aux difficultés de renouvellement de leurs titres de séjour.

Les visas d’étude sont également souvent délivrés en retard, ce qui empêche ces étudiants d’arriver à temps pour entamer leurs études au début de l’année universitaire.

Sur le plan social, les étudiants étrangers en France se heurtent aussi à des difficultés pour trouver un logement et à une précarité économique, d’autant plus que les emplois qui leur sont autorisés sont souvent pénibles et très peu rentables.

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