En France, en plus de la précarité dans laquelle exercent et vivent les médecins à diplôme hors Union européenne (Padhue), ils sont aussi confrontés à des sanctions « à deux poids deux mesures » en cas de faute de diagnostic.
Le cas d’une brillante médecin algérienne, employée par l’hôpital Novo à Pontoise (Val-d’Oise) est le parfait exemple de cette injustice à laquelle font face les praticiens à diplôme hors Union européenne exerçant en France.
L’ayant accusée « d’erreur de diagnostic » sur un patient en septembre 2023, l’établissement a décidé, en décembre dernier, de la « suspendre à titre conservatoire » et d’engager « une procédure disciplinaire à son encontre », rapporte le média Actu.fr.
Une médecin algérienne accusée « à tort » d’une erreur de diagnostic
Mardi dernier, la praticienne algérienne a contesté sa sanction lors d’une audience en référé au tribunal administratif de Cergy-Pontoise. Son avocat indique que le parcours de cette soignante pose la question du rôle et des responsabilités des Padhue en France.
« Ce sont des bouche-trous, on ne leur laisse pas le temps d’effectuer leurs stages dans des conditions sereines, avec la possibilité d’être bien encadrés », a-t-il plaidé, affirmant qu’il n’y avait pas de faute commise par sa cliente.
En face, l’établissement, qui fait l’objet d’une plainte déposée par le patient qui serait victime de l’erreur, soutient que les erreurs de diagnostic sont imputables à la personnalité du médecin mise en cause.
L’avocat de l’hôpital de Pontoise accuse aussi la soignante de « refuser de revoir ses dossiers avec un praticien et de prendre en compte les remarques qu’on lui fait. Elle refuse toutes les remises en cause de sa prise en charge. Et persiste à s’affranchir du cadre collégial ».
L’avocat de la praticienne d’origine algérienne indique que le patient avait à son arrivée une chute de tension « Il ne peut même plus marcher pour sortir, ma cliente va lui chercher un fauteuil roulant pour qu’il parte au lieu de solliciter un avis ».
« On m’a laissée 16 mois aux urgences au lieu de me faire passer les stages prévus »
L’Union fédérale des médecins, ingénieurs, cadres, techniciens (UFMICT-CGT) a également apporté son soutien à la docteure algérienne, dénonçant qu’il y a clairement un deux poids deux mesures. Le syndicat affirme en effet qu’elle n’aurait pas été sanctionnée de la même façon si elle n’avait pas été Padhue.
« Un médecin que l’hôpital a la charge d’encadrer peut-il être tenu, sans enquête contradictoire, seul responsable de la réalisation d’un acte qui ne peut manifestement pas être considéré comme une faute détachable du service hospitalier ? », s’interroge le syndicat dans un communiqué.
Pour sa part, la soignante indique que l’hôpital Novo ne lui aurait pas permis de consolider sa formation comme il aurait dû le faire. « On m’a laissée seize mois aux urgences au lieu de me faire passer par les différents stages prévus dans mon parcours de consolidation », a déclaré l’Algérienne.