Victime de violences conjugales, une Algérienne de France a formellement nié au tribunal avoir été maltraitée par son compagnon, également Algérien, dans l’objectif de le protéger. Ce dernier a tout de même écopé d’une lourde condamnation.
Les faits remontent au mardi 24 décembre, en pleine rue à Chelles, une commune située dans le département de Seine-et-Marne, en région Île-de-France. Le prévenu attrape sa compagne par le col, avant de la plaquer contre un mur et de la faire chuter au sol.
La scène a été capturée par le système de vidéosurveillance de la ville, indique le journal Le Parisien, qui a rapporté le déroulement de l’audience du procès ce samedi 28 décembre. Pourtant, devant le juge, la victime de ces violences a tout nié et a même contesté les images de vidéosurveillance.
« La femme algérienne doit respecter son homme »
La police municipale a vite appréhendé l’auteur des violences, âgé d’une trentaine d’années. Il a été présenté devant le tribunal correctionnel de Meaux (Seine-et-Marne) en comparution immédiate, vendredi 27 décembre.
Malgré la présence de preuves irréfutables et à la grande surprise de la juge, l’Algérienne a nié en bloc les accusations de violences conjugales portées à l’encontre de son compagnon. De plus, ce dernier a déjà été condamné en février dernier par ce même tribunal pour violences conjugales.
Lors de sa garde à vue, le prévenu avait reconnu avoir violenté sa compagne, avant de revenir sur ses déclarations en audience. « Vous avez dit, lors de votre garde à vue : pour nous, les Algériens, c’est normal, la femme est en dessous de l’homme », lui a rappelé la juge.
« Je ne parle pas bien français, on a dû mal me comprendre », lui a-t-il répondu. La juge a ensuite donné la parole à la victime, venue à l’audience en compagnie des parents de son compagnon. « La femme algérienne doit respecter son homme », a-t-elle déclaré.
« Il est temps de vous réveiller »
Et d’ajouter : « Il ne m’a jamais frappée. Il essayait de me calmer et me disait de ne pas prendre le bus de nuit. Quand il boit, il y a toujours un malentendu entre nous ». De son côté, le prévenu a déclaré : « On s’est bousculé ».
Au vu des preuves fournies par le système de vidéosurveillance de la ville et des déclarations contradictoires des deux parties, la procureure a requis quinze mois de prison, dont dix fermes, avec mandat de dépôt à l’encontre du prévenu.
« Je reste sans voix face à la détresse de cette victime. Être aveuglée, nier l’évidence à ce point-là ! », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter à l’adresse de l’épouse algérienne : « Je sais bien que vous êtes assise aux côtés de sa famille, mais il est temps de vous réveiller ».
À l’issue du procès, les juges ont prononcé un verdict qui colle parfaitement avec le réquisitoire de la procureure, soit une peine de quinze mois de prison, dont dix fermes, avec mandat de dépôt. Le prévenu a également été interdit de contact avec la victime et a été directement transféré vers la prison.